Adoptée par près de 100 Etats mais étonnamment encore peu diffusée, la Déclaration ministérielle du 7ème Forum Mondial de l’Eau est assortie de recommandations que les Etats sont incités à prendre en compte et faisant le lien avec les autres processus du Forum.
Que contient la Déclaration ministérielle ?
Tout en réaffirmant la Déclaration ministérielle du 6ème FME (Marseille, 2012), la Déclaration ministérielle du 7ème FME s’inscrit dans le cadre des grands rendez-vous internationaux de l’année 2015. Elle met ainsi l’accent sur le rôle central de l’eau dans le développement durable et soutient l’inclusion d’un Objectif de Développement Durable sur l’eau dans l’agenda post-2015, lequel sera adopté par les Nations Unies en septembre 2015. Les Etats reconnaissent également que l’eau est un enjeu majeur pour lutter contre le changement climatique et affirment leur volonté de travailler ensemble pour la réussite de la prochaine Conférence sur le Climat – COP 21 (Paris, décembre 2015). Par ailleurs, les Etats réaffirment leurs engagements pour la mise en œuvre effective du droit de l’Homme à l’eau et à l’assainissement, l’importance de la coopération transfrontalière et de la coopération internationale. Ils soulignent enfin la nécessité de renforcer la résilience face aux désastres liés à l’eau et le rôle des sciences et technologies pour relever les défis du secteur.
Cependant, la déclaration est insatisfaisante à plusieurs égards :
- Si le droit de l’Homme à l’eau potable et à l’assainissement et sa réalisation progressive est réaffirmé, on aurait pu s’attendre à ce que les Etats s’engagent à accélérer plus fortement sa mise en œuvre effective, par tous les moyens appropriés, comme souligné dans la déclaration ministérielle du Forum précédent.
- Sur les moyens, justement, la déclaration souligne l’importance de la coopération transfrontalière, de coopération internationale et les partenariats pays développés/pays en développement, de la science et de la technologie. En revanche, elle omet complètement la question des financements, pourtant cruciale pour l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement, et peu abordée dans les recommandations.
- Concernant les catastrophes, la déclaration met l’accent sur la réduction des risques de désastres, dans une perspective de changement climatique. Elle oublie de prendre en compte la question de la réponse humanitaire aux crises, qu’elles soient climatiques ou anthropiques (voir le Communiqué de presse d’Action Contre la Faim, Secours Islamique France et Solidarités International).
- Enfin, nous attendons toujours que soit mentionnée de manière spécifique l’importance de l’inclusion de la société civile dans les processus de décision, à tous les niveaux.
Et après ?
Les déclarations ministérielles produites lors des Forums Mondiaux de l’Eau sont les seuls documents discutés entre pays sur les questions d’eau. Elles doivent servir d’impulsion à l’action de la communauté internationale.
Cependant, à l’image des Forums Mondiaux de l’Eau eux-mêmes, ces déclarations pâtissent d’un réel manque de portage politique. Et il est difficile d’évaluer leur influence concrète sur les politiques nationales et internationales des pays.
Cette nouvelle déclaration ministérielle aura donc la portée que les Etats lui donneront. Il appartient aux pays de prouver que leurs engagements seront suivis d’effets concrets. Dans le cas contraire, le 7ème Forum Mondial de l’Eau, dont le mot d’ordre est « la mise en œuvre », passera bien loin de la réalisation de son objectif.