Publication du rapport final

Etude des effets et de l’impact de la Coalition Eau

Pourquoi une étude des effets et de l’impact de la Coalition Eau ?

Créée en 2007 à la suite du Forum mondial de l’Eau de Mexico, la Coalition Eau s’est progressivement imposée comme le collectif des ONG françaises du secteur de l’EAH.

Identifiant clairement que ses avancées ne peuvent s’appréhender à court terme, et après 15 ans d’activité, la Coalition Eau a décidé avec l’AFD (bailleur principal) d’intégrer à son sixième programme triennal une étude de ses effets et de son impact depuis sa création.  

Les objectifs 

Menée durant toute l’année 2023 par le cabinet AZIMIO, avec un accompagnement du F3E, cette étude répond à des ambitions plurielles :

  • Objectif méthodologique : Formaliser une première démarche d’étude des effets et de l’impact et définir des marqueurs de progrès permettant d’apprécier les succès de la Coalition Eau sur les deux volets (plaidoyer et SMA) ;
  • Objectif interne : Alimenter une mémoire commune pour renforcer le collectif ;
  • Objectif externe : Engager une démarche de redevabilité et de transparence, notamment auprès des partenaires financiers ;
  • Objectif stratégique et opérationnel : Apporter un regard critique sur les grandes orientations du collectif dans le but d’améliorer la qualité de ses actions.

Comment évaluer les effets et l’impact ?

Évaluer les effets et l’impact de la Coalition Eau constitue un défi, principalement lié à la nature des activités de la Coalition Eau. Le plaidoyer, la structuration du milieu associatif et le renforcement de capacités sont des processus de long terme, visant des évolutions sectorielles durables plutôt que des succès ponctuels, précisément identifiables et mesurables. Bien que les volets de structuration du milieu associatif et de plaidoyer se nourrissent et se renforcent l’un l’autre, il a été choisi, dans le cadre du rapport de l’étude, de présenter les analyses du rapport et les conclusions de façon distincte pour les deux dimensions.

La Structuration du Milieu Associatif (SMA), de quoi parle t’on ?

La structuration du milieu associatif ne jouissant pas d’une définition claire et partagée, l’étude des effets et de l’impact du volet SMA de la Coalition Eau a nécessité dans un premier temps une mise à plat de la notion. Interrogés sur leur perception de la SMA, les membres ont révélé leur perception de celle-ci comme un objectif secondaire, au service du plaidoyer.

Les activités et pratiques de la Coalition Eau en matière de SMA ont été analysées à l’aune de trois volets: 

  1. Le renforcement des capacités,
  2. La vie du collectif,
  3. L’articulation avec d’autres acteurs.

Ces différentes dimensions renvoient elles-mêmes à des changements à plusieurs niveaux:

  • individuels (évolution des connaissances, des compétences, des représentations et des pratiques),
  • organisationnels (évolution de la structuration interne, de la culture associative, des relations partenariales)
  • et sectoriels (inflexion des modes d’intervention, des rapports de pouvoir).

L’approche de la SMA déployée par la Coalition Eau

La particularité de l’approche déployée par la Coalition Eau est qu’elle repose sur des processus de structuration horizontaux, largement informels et s’adaptant aux attentes des ONG membres.

Il existe une culture associative spécifique à la Coalition Eau qui régit le fonctionnement global, structure les rapports interpersonnels et oriente les processus de travail : celle du professionnalisme, de la souplesse et du consensus.

En outre, à différentes échelles, la Coalition Eau inscrit son action dans des dynamiques collectives plus larges qu’elle rejoint et au sein desquelles elle joue pour la plupart du temps un rôle moteur, en France et à l’international.

Les effets multidimensionnels des activités de SMA déployées par la Coalition Eau

Les analyses des effets et de l’impact de la Coalition Eau en matière de SMA ont permis de faire émerger trois domaines de changement majeurs :

  1. Organisationnel
  2. Lié au jeu d’acteurs et aux rapports de pouvoir
  3. Lié au renforcement des connaissances et des capacités

L’étude présente les effets associés à chaque domaine de changement.

Elle identifie également les leviers et freins et une série de recommandations pour la suite.

Le plaidoyer de la Coalition Eau : De quoi parle-t-on ?

Sur les cibles et les leviers d’influence

Les activités de plaidoyer visent différentes cibles (administrations, élu.e.s, décideur.se.s politiques de haut niveau, institutions internationales, partenaires). Pour atteindre ses cibles, la Coalition Eau investit différents espaces de plaidoyer – l’espace médiatique (réseaux sociaux, campagnes), des forums thématiques de discussion multi-acteurs (Conférences de l’ONU, forums mondiaux de l’eau) ou plus généralistes (COP, Sommets ODD) et des espaces de travail politiques et diplomatiques (CICID, Assemblée Nationale, Conférences des Nations Unies sur l’eau). Elle utilise plusieurs leviers d’influence complémentaires : articulation avec les partenaires, expertise, récurrence, interpellation. En particulier, statuant que l’influence repose sur une forte légitimité, la Coalition Eau s’est positionnée, dès sa création, comme experte du secteur de l’EAH et a appuyé son travail de plaidoyer sur sa connaissance pointue du secteur.

Sur les activités et les processus

Les activités de plaidoyer de la Coalition Eau se déclinent en trois processus majeurs, définis par les ONG membres et intégrés à la stratégie 2021 – 2025 : 

  1. La politique de développement et d’action extérieure de la France pour l’eau et l’assainissement,
  2. La mise en œuvre des droits humains à l’eau et à l’assainissement (DHEA) en France,
  3. L’influence des ONG dans les espaces majeurs sur l’EAH en France et à l’international.

Ces trois processus renvoient globalement à trois échelles de changement :

  • La France, avec le processus sur les droits humains à l’eau et à l’assainissement (DHEA) en France
  • L’action française à l’international, avec le processus sur l’aide au développement française et les financements
  • L’international avec le processus sur l’influence des OSC / ONG dans les espaces majeurs de l’EAH (bien que celui-ci inclut également l’échelle française, ce sont de facto les espaces internationaux qui sont avant tout visés)

Ces processus prioritaires servent de guide pour les actions à conduire, au-delà des programmes triennaux, sans toutefois entraver la souplesse de l’approche déployée. Ainsi, récemment, l’identification par les membres d’une évolution du contexte de l’EAH à l’international et en France les a conduits à identifier la thématique de la ressource en eau comme un nouveau chantier.

Sur la logique et les modalités de plaidoyer

La Coalition Eau a déployé depuis 2007 une logique coopérative plutôt que confrontationnelle dans ses actions de plaidoyer, fondée sur le partage d’informations, le dialogue, le conseil, l’organisation de réunions avec les décideur.se.s, la production d’expertise, plutôt que sur des campagnes de mobilisation publique, un travail fort auprès des médias ou la mise en place d’actions contestataires, partant de l’hypothèse implicite que ses actions produiront plus d’effets par le maintien du dialogue et la création de liens de confiance, plutôt que par la confrontation.

Les effets multidimensionnels du plaidoyer de la Coalition Eau

L’étude de l’historique du plaidoyer de la Coalition Eau a permis de faire émerger trois domaines de changement majeurs relatifs à son plaidoyer :

  1. politique, diplomatique, juridique
  2. démocratique et lié à la gouvernance du secteur
  3. socio-culturel

A ces trois domaines de changement sont associés des marqueurs de progrès, détaillés dans l’étude. L’étude analyse également les leviers et freins au plaidoyer de la Coalition Eau et des recommandations pour la suite.

A noter qu’une analyse de l’intégration des enjeux liés au genre et aux jeunesses a été menée dans le cadre de l’étude. Depuis sa création, la Coalition Eau a adressé de différentes façons des sujets liés au genre et à la jeunesse. Elle les a pris en compte dans ses réflexions internes, dans son organisation, mais aussi dans certaines activités déployées au titre du plaidoyer ou de la structuration du milieu associatif.