Communiqué de presse de Coordination SUD

Budget 2026 : le gouvernement frappe encore, la solidarité internationale à l’agonie

Paris, le 15 octobre 2025 – Communiqué de presse de Coordination SUD

Dans son projet de loi de finances, le gouvernement de Sébastien Lecornu assume de nouvelles coupes massives dans les politiques de solidarité et la vie associative, y compris dans l’aide publique au développement (APD), au risque de sacrifier des vies humaines et de mettre à risque l’avenir de générations de Françaises et de Français. Avec une nouvelle coupe annoncée de – 700 millions en 2026, l’APD aura perdu plus de la moitié de son budget en deux ans : une catastrophe et une tragédie humaine, sociale et politique. Le financement des associations, déjà fortement réduit, baisse à un niveau jamais vu, menaçant l’existence de nombre d’entre elles.


Dans son projet de loi de finances pour 2026, le gouvernement s’acharne sur le financement de la lutte contre la pauvreté et les inégalités, sur l’aide humanitaire, sur la protection des droits et sur l’action associative. Un paradoxe alors que les sondages indiquent que 66 % de la population française soutient l’action de la France pour la solidarité internationale1 ; et qu’au travers de leurs dons, c’est la mission sociale que soutiennent le plus les Françaises et les Français2.


Cette cinquième coupe consécutive depuis début 2024 crée un trou béant dans le financement des politiques de solidarité internationale : l’APD chuterait de – 58 % en deux ans, chiffre qui s’élèverait à -64 % pour le budget du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, notamment celui utilisé pour soutenir les actions des ONG.

Le gouvernement se montre volontairement aveugle aux conséquences dramatiques qui se sont multipliées ces derniers mois. Frédéric Apollin, directeur général délégué de l’association Agronomes et Vétérinaires sans Frontières, rappelle que :

La seule coupe réalisée en 2025 aurait pu permettre de financer l’accompagnement scolaire de 17 millions d’enfants, la vaccination de base de 71 millions d’enfants, la formation agricole de 2 millions de jeunes, l’aide alimentaire pendant 1 an pour plus de 4 millions de foyers, ou encore un hébergement d’urgence pour 45 millions de familles.

La stratégie du gouvernement est incompréhensible et inacceptable compte tenu que les crises humanitaires s’aggravent, notamment à Gaza, en Ukraine, en RDC ou encore au Soudan. Les inégalités atteignent un niveau alarmant : plus de la moitié des personnes en situation d’extrême pauvreté (environ 380 millions) vit dans les pays prioritaires de l’aide publique au développement.

Impossible également de comprendre et d’accepter que le gouvernement affaiblisse à ce point le secteur associatif de la solidarité internationale et contraigne les ONG à engager des restructurations et des plans de licenciements de ses personnels dont le travail est plus que jamais essentiel

déplore Olivier Bruyeron, président de Coordination SUD.


La menace pèse aussi sur la protection des droits et libertés en France et à l’échelle internationale alerte Charlotte Millereaux, déléguée générale de la Plateforme des droits humains :

En coupant drastiquement son aide publique au développement, la France prend la voie d’un double renoncement : affaiblir la société civile, pilier du débat démocratique, et tourner le dos à ses engagements internationaux en matière de droits humains, au détriment des femmes, des filles, des enfants et des minorités qui subissent déjà de fortes inégalités.


Dans ces conditions, l’engagement du gouvernement de financer la solidarité internationale, notamment à travers l’action de la société civile, n’est plus respecté alors même qu’il l’avait inscrit récemment dans la Loi du 4 août 2021, soutenue par l’ensemble des groupes politiques à l’Assemblée.


Gautier Centlivre, Coordinateur plaidoyer pour l’association Action Santé Mondiale, appelle à un réveil du gouvernement et à une mobilisation des parlementaires :

Cette énième coupe est une gifle pour nos organisations et pour des millions de femmes, d’enfants et d’hommes à travers le monde. C’est un abandon moral total. Ces décisions ont un impact sanglant. Pourquoi ? Parce qu’elles signent la fin de programmes essentiels et vitaux. Et pourtant, les ressources existent. Nous les avons proposées depuis des mois. Il est temps de mettre fin aux coupes et d’augmenter les crédits, notamment en renforçant les taxes solidaires !


Les demandes du secteur associatif sont claires : arrêter l’acharnement budgétaire contre l’aide publique au développement qui sauve des vies ; redonner aux ONG les moyens d’agir en augmentant les moyens alloués au programme budgétaire n°209 pour la solidarité à l’égard des pays en développement ; et réinstaurer la contribution directe des taxes solidaires sur les transactions financières et les billets d’avion pour dégager de nouvelles ressources.


Contact presse
Marie-Pierre Liénard, lienard@coordinationsud.org – Tél : 01 44 72 03 78 // 07 76 78 15 19


Rassembler et agir pour la solidarité internationale
Coordination SUD est la coordination des ONG françaises de solidarité internationale. Fondée en 1994, elle rassemble aujourd’hui 188 ONG, adhérentes directes ou au travers de sept collectifs (Clong-Volontariat, Cnajep, Coordination humanitaire et développement, Crid, Forim, Groupe Initiatives, Plateforme des Droits Humains), menant des actions humanitaires d’urgence, d’aide au développement, de protection de l’environnement, de défense des droits humains auprès des populations défavorisées mais aussi des actions d’éducation à la solidarités internationale et de plaidoyer.


  1. 1. Sondage réalisé par l’institut Harris Interactive pour l’AFD, avril 2024. ↩︎
  2. 2. France générosités, Panorama des générosités 2024. ↩︎

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